lundi 11 août 2008

Qu'est-ce que le bouddhisme ?

C'est la question qui tue.
Le bouddhisme existe-t-il ? Ou bien doit-on parler des bouddhismes ? Car si le bouddhisme est une référence directe au titre de son fondateur, le bouddha, les enseignements de ce dernier sont si nombreux, si variés et si multiples qu'il est difficile de croire qu'il s'agit de l'œuvre d'un seul esprit. Tapez bouddhisme dans Google et vous sortirez des millions de pages... le plus grand nombre est pertinent et toutes représentent une facette de cette philosophie.
Alors, est-ce une spiritualité fourre-tout ? Une vaste et infinie poubelle métaphysique ? Je dis non !
Le bouddhisme est ce que le bouddha a voulu qu'il soit. Un ensemble de principes capables de fonctionner indépendamment les uns des autres et aisés à ordonner dans un système logique qu'il soit religieux ou simplement éthique. Ce que le monsieur essaye de vous dire est que le bouddhisme n'est pas un dogme (ou un ensemble de dogmes) auxquels il faut croire, ni une représentation définie du monde (ou de l'univers). Le bouddhisme est un attirail d'outils intellectuels et spirituels pour faire face aux complexités de l'homme, de son environnement et des interactions qu'ils entretiennent. C'est pour cette raison, à mon avis, qu'il y a autant de courants, de chapelles, de sectes, d'écoles et d'obédiences bouddhistes, que tout le monde peut se dire bouddhiste après la lecture de Chogyam Trungpa ou plus populaire encore, le Dalaï Lama, et que le bouddhisme reste la spiritualité la plus accessible et la plus facile à quitter.
Les bouddhismes, voilà un point de vue qui permet d'envisager volontiers un dialogue comme ceux qui truffent les soutras (les enregistrements écrits des enseignements du Bouddha). Sont-ils égaux ? Sont-ils meilleurs les uns que les autres ? Sont-ils plus efficaces ou bien plus proches de l'enseignement du maître originel ? C'est comme comparer les architectes d'aujourd'hui et les maîtres bâtisseurs du 12e siècle. Les premiers construisent la pyramide du Louvre, les autres érigent la cathédrale de Notre Dame. Alors qui est le meilleur ? Qui l'emporte ? Qui est supérieur à l'autre ?
Cet exemple sommaire laisse entendre qu'il ne saurait y avoir de compétition au sein de tous les bouddhismes. Pourtant, nombre sont les courants bouddhistes qui n'ont de cesse de prouver la supériorité d'un enseignement sur un autre, d'une école sur l'autre, d'une période sur une autre. C'est certainement le propre des hommes que de vouloir à tout prix revendiquer une quelconque supériorité y compris dans le domaine le plus intangible qui soit.
Revenons alors à la question première : qu'est-ce que le bouddhisme ?
L'objectif premier du bouddha, tout les courants en conviennent, est l'éveil. L'éveil à quoi ? A l'impermanence de ce monde et au fait que tout ce que nous tenons pour réel n'est qu'illusion et donc souffrance. Voilà c'est dit. Le monde que nous percevons est faux et il change constamment. Simple, propre, clair... Rien de vraiment original jusque là. C'est le remède à cette impermanence et aux souffrances qui l'accompagnent qui fait l'originalité des bouddhismes : une formule universelle pour tous et un remède personnel pour chacun. La formule universelle : percevoir la réalité des choses occultée par les illusions, en bref l'illumination. Le remède personnalisé : emprunter un ou plusieurs des sentiers proposés par le bouddha pour parvenir à l'illumination.
Pris dans leur ensemble, les bouddhismes forment un mouvement spirituel prolifique et original qui placent l'individu au centre du dispositif. C'est la pluralité au service de la multitude. Prises séparément, les écoles ne sont rien d'autre que des petites églises obligées de justifier leur validité en s'opposant à toutes les autres.
Malgré une culture athée, il m'a fallu assez longtemps pour considérer un tel point de vue. Etait-il possible de faire cohabiter dans un même espace d'idées et de croyances des systèmes aussi différents en antagonistes que le Zen, le bouddhisme Tibétain et celui de la Soka gakkai ? En première lecture, c'était impossible. Il fallait donc appliquer le bouddhisme dans le réel aussi bien à une échelle personnelle qu'à l'échelle d'une société ou d'un monde pour comprendre certaines subtilités historiques, puis de remettre dans des contextes politiques et culturels les discours et les prises de position.
En pratiquant le bouddhisme, il est possible de voir la mosaïque humaine qui se cache derrière les illusions de divisions et de clivages. Cela ne signifie pas de mettre en œuvre toutes les pratiques à la fois dans toutes les langues dans lesquelles elles sont pratiquées. Le bouddhisme n'est pas la schizophrénie. Mais il vient un temps où les bouddhismes forment un tout cohérent et dynamique au même titre que l'univers dans lequel je ne croyais être qu'une simple particule de poussière.
Est-ce cela l'illumination ? Je ne sais pas. Mais concrètement, je suis certain qu'il s'agit du bouddhisme en action.

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